Management – Les principes de l’effectuation

Management – Les principes de l’effectuation

Le leadership effectual est un concept clé développé par Philippe Silberzahn (Expert reconnu de l‘innovation et de la transformation organisationnelle, Professeur à EMLYON Business School) dans son livre « Effectuation: les principes de l’entrepreneuriat pour tous » (Éditeur: Pearson, 7 février 2014, Prix du meilleur ouvrage de Management 2016 décerné par Consult‘in France en partenariat avec la Société Française de Management).

Cette approche de leadership est basée sur la théorie de Saras Sarasvathy (Professeure d’entrepreneuriat à la Darden School of Business de l’université“ de Virginie et titulaire d‘une chaire de recherche à l‘Indian Institute of Management de Bangalore en Inde), qui se concentre sur la façon dont les entrepreneurs pensent, agissent et prennent des décisions.

La logique causale, en management, nous aide dans un contexte certain et stable – nous pouvons planifier. Il s‘agit de définir un but, un objectif et de déterminer les moyens pour les atteindre. Métaphore : J’invite des amis, choisis la recette, fais les courses et je cuisine.

La logique effectuale nous ouvre un nouveau champ du possible dans un contexte d‘incertitude:

L’approche de leadership effectual est particulièrement efficace dans les environnements incertains et en évolution rapide, où les plans traditionnels peuvent s’avérer inutiles. Les leaders effectuals sont en mesure de naviguer dans l’incertitude et de trouver des opportunités là où les autres voient des obstacles. Suite de la Métaphore : Les amis débarquent à la maison sans m’avoir prévenue. J’ouvre le réfrigérateur : « Qu’est ce que j’ai sous la main ? Qu’est ce que je peux faire avec cela ? »

  • Prendre en compte l’environnement existant plutôt que la planification à l’avance

Le leader effectual se concentre sur l’utilisation des ressources existantes pour atteindre les objectifs plutôt que de planifier à l’avance en fonction d’un avenir hypothétique. Il va évaluer les possibilités à partir des ressources disponibles et des connaissances actuelles plutôt que de se concentrer sur une planification à long terme. Le leader effectual fait preuve de créativité et d‘un sens aigu d’observation. 

Les organisations appliquent spontanément ce principe en cas de crise majeure. Organigrammes, fiches de postes, objectifs annuels – on oublie tout et chacun se mobilise en partant de « ce que l‘on a » et de la réalité (la crise) pour se demander « que pouvons-nous faire? » Il est donc possible et même intéressant d‘envisager pour toute organisation et tout manager d‘appliquer ce principe aussi en dehors d‘une situation de crise.

  • Agir en perte acceptable – viser grand pour réussir est une potentielle erreur 

Nous aimons tous les grands projets. Ces grands projets nous valorisent, nous rassurent. Pour faire grand, il faut viser grand! Et cela fonctionne bien dans un environnement stable et certain. 

Mais  „viser  grand“ peut nous freiner. Lorsque l‘incertitude est importante et que nous visons grand, nous risquons d‘échouer en grand. Démarrer petit pour réussir puis viser grand! Ce principe libère les possibles et peut permettre de grandes choses. Agir avant de penser, ou plutôt agir sans avoir tout pensé, est intéressant dès que l’on agit en perte acceptable. Ce principe, comme le premier, ramène l‘objet de l‘action à soi-même plutôt qu‘aux autres, et à « ici et maintenant » plutôt qu‘à plus tard. Au lieu de décider en fonction du retour attendu, nous pouvons décider en fonction de ce que nous pouvons perdre si jamais cela tourne mal. J‘engage telle ou telle action et si jamais cela tourne mal, ce n‘est pas grave. J‘aurais perdu un peu de temps, un peu d‘argent peut-être, mais cela ne me met pas en danger. Il s‘agit d‘une approche prudentielle mais elle permet la réussite dans un contexte de crise avec un environnement incertain et complexe. Le leader effectual mise que ce qu‘il est prêt à perdre sans se mettre en danger mais il avance, il expérimente, il fait.

  • Obtenir des engagements des parties prenantes

 Le leader effectual implique activement les parties prenantes dans le processus de prise de décision. L‘engagement de vos collaborateurs est l‘un des moteurs principaux de la performance de votre organisation. Aujourd’hui, la plupart des entreprises connaissent un désengagement des salariés.  Il est difficile d’attirer, de retenir et de fidéliser « les talents ».

Les principes de fonctionnement dans la plupart des organisations invitent les salariés « à se cacher » : derrière une fiche de poste et des objectifs contraignants et les collaborateurs s‘adaptent aux us et coutumes de l‘organisation. Le leader effectual recherche des perspectives et des idées auprès des personnes impliquées dans la réalisation des objectifs, plutôt que de travailler dans un environnement isolé. Il fait les choses avec les gens qu‘ils rencontrent. De « comment faire », le leader effectual passe à « avec qui faire? » Transformer une organisation est un processus social qui consiste à amener un grand nombre de salariés à s’unir pour travailler dans une direction donnée. Ce principe nous invite à penser d’abord « personnes » avant de penser « vison, objectifs, problèmes ou autres ». Nous passons de « comment résoudre mon problème? » à « qui peut m’aider à resoudre mon problème? ». 

  • Tirer partie des surprises – tout ce qui ne se déroule pas selon le plan n‘est pas un problème 

Tous les principes de management moderne visent à éviter les surprises. La prévision est la pierre angulaire du management et des organisations. Nous voulons maîtriser et prévoir pour pouvoir prendre LA bonne décision. Dans un environnement stable et certain, cette approche peut se révéler très efficace. 

Aujourd’hui, le monde est plus imprévisible et l’environnement de l’organisation est complexe et incertain. Nous embarquons dans une aventure sans vraiment savoir où l’on va aller. Nous sommes habitués à vivre une surprise, un imprévu, comme un échec. Nous recherchons un responsable, celui qui n’a pas respecté le plan d’action et les objectifs fixés.  Le leader effectual est capable de s’adapter rapidement aux changements de situation et de pivoter en fonction des opportunités qui se présentent. Il est en mesure de réagir rapidement aux changements de marché ou de circonstances pour maximiser son potentiel de réussite. Ce principe nous invite à nous ouvrir à la surprise pour la comprendre, pour l’interroger et l’utiliser pour notre projet. A trop nous protéger des surprises, des imprévus, nous nous privons de nouvelles opportunités. 

  • Créer et jouer le contexte – s‘attaquer à l‘impuissance apprise 

Dans la vie d’entreprise, le manager existe pour coordonner les activités des collaborateurs, fixer des objectifs, allouer les tâches, surveiller le déroulement des opérations, évaluer les résultats etc. Dans un monde stable et certain, cette approche est efficace. 

Dans un environnement instable, complexe et incertain, la transformation de l’offre devient nécessaire et il est de plus en plus difficile de gérer directement les situations et de régler les problèmes car il est impossible de remonter à la ligne de causalité. 

Le leader effectual va donner une réponse sans en donner une: « on va essayer des choses, on va expérimenter pour relancer la machine.  Il se demande : »quel contexte permet à mes collaborateurs d’être performants? » «Qu’est ce qui pose problème dans ce contexte? » « Comment créer le contexte propice à la performance? ». Le principe n°5 peut apporter une solution facile et adaptée à un problème devenu majeur pour l’organisation. Avec ce principe, le leader effectual interroge le contexte qui engendre la non-performance. Il ne rend pas l’individu victime du contexte mais il va le remettre dans son contexte en tant qu’acteur. En vous intéressant aux facteurs porteurs de la situation, au potentiel du contexte, vous trouverez un nouveau champ de possibles pour pouvoir agir réellement. En tant que manager, avec ce principe, au lieu de vous épuiser à trouver les solutions, vous allez passer plus de temps à poser l’équation. Vous allez développer votre attention à ce qui se fait et vous agissez à partir de là. Vous allez avancer, un petit pas après l’autre, au lieu de courir sur place. 

 

Pour résumer, le leader effectual se concentre sur le processus plutôt que sur le résultat final. Il travaille dur pour faire avancer les choses, mais il ne s’inquiète pas de l’issue finale. Il a conscience que le succès ou l’échec dépendent de nombreux facteurs qui ne sont pas tous sous son contrôle, mais il est confiant en sa capacité à naviguer dans l’incertitude.



Plus simplement, les principes de l’effectuation, pourraient se dire aussi

  • « Un tiens vaut mieux que deux tu l‘auras »: démarrer avec ce que nous avons (compétences en interne, mes/nos valeurs…)
  • « Qu‘est ce que je suis prête à perdre? » Quelle perte est acceptable?
  • Un patchwork avec de nouveaux partenaires, obtenir des engagements des parties prenantes (par exemple: un an pour obtenir tel ou tel projet; comment pouvons-nous nous servir du service marketing pour ce projet?)
  • Comment tirer partie des surprises? Un imprévu arrive – « qu‘est ce que je peux faire de cela? » Est-ce que cet imprévu ne peut pas se transformer en opportunité? 
  • Le pilote dans l‘avion est là pour créer le contexte, pour saisir l’opportunité. 

 

Un leader effectual sait prendre des risques, il est observateur, il connaît ses ressources et il sait faire preuve d‘une grande créativité. Le leader effectual est capable de passer de la logique causale à la logique effectuale sans difficulté. 

 

L‘accompagnement en coaching avec une approche cognitive et comportementale vous permet de comprendre ce qui est possible pour vous et de vous approprier les principes de l’effectuation. « Qu‘est ce qui est à ma main avant de faire appel à un tiers? » « Que-ce qui est possible, pour moi, ici et maintenant? » 

« Quelles sont les premières actions qui ne dépendent que de moi? »

Nous pourrons renforcer, lors de nos séances et à avec des entraînements inter-sessions,  votre capacité de passer de la logique causale à la logique effectuale car ces deux logiques ne s‘opposent pas mais se nourrissent. Il faut commencer par soi-même pour changer une organisation, pas par les autres. Inutile de se plaindre sur les leviers d‘actions qui ne sont pas les nôtres (et qui sont peut-être même seulement dans notre imaginaire).

Déterminons ensemble les leviers possibles pour vous pour que vous puissiez les utiliser tout de suite, ici et maintenant.

Si vous avez une urgence à traiter, un conseil à obtenir ou un projet d’accompagnement à mettre en place, adressez moi un message grâce à ce formulaire de contact.

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